Les bienveillantes - Jonathan Littell
Pour tous ceux qui attendaient avec curiosité, impatience ou amusement, mon avis sur l'immense chef-d'oeuvre incontournable, inattaquable et inestimable du jeune prodige Jonathan Littell, passez votre chemin, allez surfer plus loin, j'ai jetté l'éponge.
Pourtant tout avait si bien commençé, les premières pages me réjouissaient, m'intriguaient, naïve que j'étais.
Telle une accro du shopping se jetant sur le dernier Spécial Mode de elle, je m'étais empressée d'acheter Les bienveillantes, allant même jusqu'à le faire trôner sur le dessus de ma PAL (Pile à Lire), narguant ainsi les visiteurs.
Cependant, au fur à mesure des pages, le doute s'est immiscé, je me demandais à quel moment j'allais m'y retrouver entre tous les personnages aux noms inretenables (pour la latine que je suis) et aux grades de l'armée si subtilement établis, et surtout quand allais-je être emballée au point de ne plus lâcher le livre (comme Bernard Pivot l'a soutenu).
La réponse tient en un mot : JAMAIS.
Même pas cent pages plus loin, j'ai tout arrêté, peu sûre de moi, j'ai avant de prendre cette décision gravissime pris des informations auprès de mon cher libraire, et là ce fut l'estocade : "Et vous n'avez encore rien lu, la suite est horrible". Préferant ne pas imaginer en quoi cela pourrait être plus horrible que ce que j'avais lu jusque là, j'ai ainsi renoncé à lire ce chef d'oeuvre.
Je ne saurais jamais tout ce que j'ai raté, je ne sort pas grandie de cette expérience, mais très soulagée.
Enfin, ne m'avouant pas totalement vaincue, je viens de l'offrir très gentiment à mon cher et tendre, peut-être que son intelligence masculine bien supérieure à ma cervelle féminine, saura apprécier le livre du siècle. Je pense être fixée dans moins de deux ans (compte tenu de son rythme de lecture).
Le bon côté de cet achat, c'est que ce sera très joli dans ma bibliothèque et j'entends déjà les réflexions.
Pour information, la Présentation de l'éditeur
" En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j'ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif." Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait: l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.
Editions Gallimard paru le 13 Sept 2006 - 903 pages- 36€ (pas très cher comme objet de déco et très tendance)